Il faisait sombre dans cette crypte, si sombre que les flammes des torches avaient du mal à percer l’obscurité ambiante. C’était comme si une magie démoniaque avait créé ce noir si intense.
- On n’y voit rien, capitaine, fit la magnifique jeune femme aux cheveux de feu.
- C’est vrai on y voit comme dans le c … avait commencé un homme de grande taille chauve et barbu à la peau sombre avant d’être arrêté par le capitaine pour langage châtié.
- Ça ira, laissons nos yeux s’accoutumer.
L’homme qui venait de parler était grand et mince. De longs cheveux noirs attachés en queue de cheval et sa barbe courte et taillée lui donnaient l’air de quelqu’un qui prenait grand soin de lui. Il était séduisant et était fort convoité par la gente féminine. On racontait de lui qu’il était un flibustier, un contrebandier ou un pilleur de tombes mais il préférait se caractériser de pourvoyeur de biens, comme il l’aimait le clamer avec sardonicité. En fait il était l’unique hériter d’une grande famille noble et sa passion pour l’art était si forte qu’il souhaitait se constituer la plus grande collection d’art jamais faite et voulait l’exposer dans son manoir. Aventurier, et n’aimant pas les frivolités de la cour il préférait s’adonner à des activités plus enjouées comme dévorer les livres, collectionner les conquêtes, participer à des courses de chevaux ou à des duels. Il avait même fait construire une énorme salle souterraine dans laquelle des instruments d’exercice lui permettaient de garder la forme. Pour se déplacer dans le pays à la recherche de trésors, il avait fait l’acquisition d’un navire rapide ainsi que d’un équipage trouvé dans les tavernes ou dans la rue, c’est pour cela qu’on croyait qu’il était un pirate. Depuis quelques années il part avec son équipage et amis dans tout Tamriel à la recherche de fortune spirituelle. Il s’était forgé une réputation sans pareil un peu partout dans le pays et on le nommait Morgan Scarlet, Morgan « L’Ecarlate » car il n’hésitait pas à se débarrasser de ceux qui se dressaient sur son chemin.
Les trois aventuriers trouvèrent des flambeaux sur tout le tour de la grande salle dans laquelle ils venaient d’arriver. Lorsqu’ils les allumèrent ils purent contempler de magnifiques peintures relatant de grandes batailles qui tapissaient les murs moisis de la crypte. Trois tombeaux en pierre étaient les seules choses qui se trouvaient dans cette pièce. L’un d’eux était plus massif et plus exposé que les autres. Lorsqu’il s’approcha de celui-ci Morgan put contempler à loisir un magnifique dragon argenté surmonté du chiffre dix-neuf du même métal. Il ordonna au colosse de retirer le couvercle. Avec facilité, celui-ci le fit coulisser mais celui-ci tomba, se brisant en mille morceaux. Il osa un regard au capitaine mais celui-ci ne dit mot car Morgan Scarlet était subjugué par son contenu. En effet, à l’intérieur se trouvait un squelette poussiéreux et tapissé de toiles d’araignées. Le défunt tenait dans ses mains une bannière bleue nuit frappée du même dragon et du même chiffre que précédemment. De plus lorsque Morgan déplia le tissu il remarqua une citation dessus : « L’honneur pour loi ».
- Ainsi c’est vrai, fit-il subjugué. Ils ont vraiment existés… Je le savais, cria-t-il, espiègle comme un écolier.
- Qui ça ? osa la jeune femme rousse.
- La Dix-Neuvième Légion, Anya.
- N’y a-t-il pas eu que dix-huit légions dans Tamriel ?
- Celle-ci n’est pas connue car ces exploits ont été tus.
- Pouvez-vous nous en dire plus, capitaine ? demanda le chauve.
- En temps et en heure, Bron.
Les doigts crispés du défunt tenaient une petite besace en cuir vieilli. Lorsqu’il l’ouvrit, Morgan en retira un petit livre dont les pages avaient été jaunies par le temps.
- Le journal du Légat, fit-il. Retournons au navire, somma-t-il en prenant soin de prendre la bannière et le livre.
- Et les deux autres tombes, à qui appartiennent-elles ? La jeune femme s’approcha. Il n’y a rien sur les couvercles. Ah si ! Sur le côté de celui-ci on peut lire Mycalus. Elle se dirigea vers le second. Et celui-là : Gaelig
- Ce doit être ses aides de camp, fit Scarlet.
- Les officiers de qui ? demanda le géant.
- Du légat Arenar Aerius, commandant la dix-Neuvième Légion.
Une fois sur la corvette de l’Ecarlate, Morgan posa soigneusement la bannière dans un coffre prévu à cet effet et s’assit dans un fauteuil en velours carmin. Bron le géant et Anya « cheveux de feu » attendaient avec impatience le récit de l’historien aventurier. Ils prirent place sur des chaises en attendant l’histoire de la Dix-Neuvième Légion.
Morgan ouvrit le journal du Légat et en commença la lecture à haute voix :
« L’histoire commence lorsque l’empereur de Cyrodil disparut et que les nécromanciens ont commencé à régir les légions. Craignant que ceux-ci ne prennent le contrôle de la nation toute entière, jeune tribun de la huitième légion je décidai de me rebeller plutôt que d’être commandé par des sorciers noirs. Grâce à mes qualités de meneur d’hommes et mes capacités à fédérer les hommes, de plus en plus de soldats se rangèrent à mes côtés. Malgré la pression des dirigeants en place, je réussis à rallier six des dix cohortes en vue de faire disparaître les nécromanciens usurpateurs et surtout l’impératrice Clivia Tharn qui était adoratrice des Daedras. Ainsi naquit la dix-neuvième Légion, une armée de soldats de l’empire rebelle. Les résistants élurent leur nouveau chef à l’unanimité : moi-même, celui qui prit les armes le premier contre l’impératrice renégate.
Mes ordres étaient clairs : il fallait prendre la capitale coûte que coûte. Alors la Dix-Neuvième Légion marcha en direction du sud-ouest pour reprendre la cité impériale des mains de l’usurpatrice. Malheureusement une taupe au sein de la de nos propres rangs nous trahit et prévint la cité avant que nous n’arrivions. La cinquième légion nous attendait de pied ferme. L’ennemi était plus nombreux alors je préférai ordonner la retraite pour ne pas me jeter dans une bataille qu’on ne pouvait pas gagner. Malheureusement pour nous, c’était un piège qui se referma sur nous lorsque la treizième légion nous rabattit sur la cinquième. Ce fut une tragédie pour la dix-Neuvième Légion. Bien que le courage des rebelles soit plus fort que la puissance de ses assaillants, moi et ma garde personnelle dument fuir lorsqu’une flèche m’atteignit, incapable de quoique ce soit. Pendant des mois l’officier rebelle que j’étais et la poignée d’hommes qui me restaient fument contraint de nous cacher pour échapper au courroux de l’impératrice. »
Mais je refusais d’en rester là. Malgré la défaite cuisante, je décidai de reconstituer la Dix-Neuvième avec ce qu’il me restait de soldats. Afin de faire perdurer le nom et d’honorer le blason de notre légion, je devais trouver des hommes et des femmes empreints de courage pour poursuivre ce combat. C’est ce que je fis en commençant par la charmante bourgade de Daguefilante lorsqu’un éclaireur ensanglanté accourut vers moi avant de mourir. Il tenait dans ses mains un morceau de parchemin calciné sur lequel était inscrit : « elle est… »
Lorsqu’il voulut tourner la page du livre, Morgan osa un juron car les pages suivantes avaient été déchirées.
- Le reste de l’histoire de la Dix-Neuvième Légion n’est pas là car les autres pages sont déchirées. Nous ne saurons pas ce qui est advenu de la dix-Neuvième. On sentit un profond regret dans les paroles du capitaine.
- Nous trouverons le reste, Morgan fit la jeune femme rousse.
- Tu as sûrement raison, petite sœur. En attendant, continuons nos recherches.
Mer 16 Avr - 18:33